LETTRE

A Secundinus, notre très Révérend et très saint frère dans l'épiscopat, Grégoire, serviteur des serviteurs de Dieu

J'ai commenté, pendant la messe, quarante passages du saint évangile, choisis parmi ceux qu'on a coutume de lire à jour fixe dans l'Église de Rome. Certaines de ces explications ont été lues en présence des fidèles par un notaire à qui je les avais dictées, les autres prononcées par moi devant le peuple et prises en note telles que je les disais. Mais certains frères, brûlants d'ardeur pour la sainte parole, ont commencé de répandre ce que j'avais dit avant que je n'aie pu le réviser en détail, comme je me l'étais proposé. Je serais en droit de comparer ces empressés à des faméliques qui veulent se jeter sur la nourriture avant qu'elle n'ait fini de cuire. Or, en expliquant le passage de l'Écriture qui dit : "Jésus fut conduit au désert par l'Esprit pour y être tenté par le diable" (Mt 4,1), j'ai commencé par laisser planer quelques hésitations, mais ce doute, je l'ai ensuite corrigé par une remarque pleine d'assurance.saint Grégoire

J'ai aussi veillé à disposer ces homélies en deux livres, dans l'ordre où elles ont été prononcées, de telle sorte que les vingt premières, qui ont été dictées, et les vingt suivantes, qui ont été dites en public, soient dans des volumes différents. Que ta fraternité ne s'étonne pas si tu constates que certains passages, qu'on lit après dans l'évangile, ont été placés avant, ou bien si tu trouves placés après des passages que l'évangéliste situe avant, car les secrétaires ont regroupé ces homélies dans chaque volume en suivant l'ordre des jours où je les avais prononcées.

Par conséquent, si ta fraternité vient, en sa continuelle assiduité aux saintes lectures, à trouver une explication du passage de l'évangile cité ci-dessus qui laisserait planer un doute, ou bien si tu découvres un exemplaire de ces homélies où elles ne seraient pas rangées dans l'ordre que je viens de t'indiquer, tu saurais alors que celles-ci n'ont pas été revues, et il te faudrait les corriger grâce à l'exemplaire que j'ai pris soin de te faire parvenir par le porteur de la présente. Ne laisse surtout pas les exemplaires non révisés demeurer sans correction. La version authentique est conservée dans les archives de notre Église, en sorte que les personnes qui seraient éloignées de ta fraternité puissent trouver ici un texte corrigé qui leur donne toute sécurité.